J’écris, le souffle long et profond, de ma nuit passée, encore en moi. Dehors, l’obscurité, l’astre diurne ronfle paisiblement et le vent du presque matin toque à la fenêtre.
J’écris de longues phrases encore endormies qu’un point réveille brutalement. Grands bâillements entre les mots, quelques virgules pour respirer.
Poignet vif, petites lettres serrées, compactées… Révolte. Stop ! On étouffe !… pause.
J’écoute les bruits de la maison encore endormie : le frigo ronronne, s’arrête, apnée du sommeil… puis repart.
Le tic… tac de l’horloge du salon bat comme un cœur de sportif. L’horloge cardiaque, le frigo pulmonaire, vie métronomique de la domotique.
J’écoute le silence entre les battements, l’oxygénation du vide qui se remplit. Présence d’un possible merveilleux entre les pulsations de vie.
Un profond soupir chasse les tensions de ma nuque.
Une vague emplit mon abdomen puis mon thorax, l’air gonfle mes poumons pneumatiques.
Flux d’une marée nourricière, puis reflux, l’onde se retire, laissant la plage de mon corps à nu. Vide, néant, pulsion de mort… Le cycle de la vie.
Des idées surgissent comme un coup de tempête, de grisou dans la mine de ma conscience.
Le verbe créateur naît dans l’expir que j’attrape au vol comme une mouche et que j’écrase sur le papier.